Iris
partiel chez un lapereau Hollandais
Esther van Praag, Ph.D.
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Une absence partielle ou complète de la
partie colorée de l’œil est une anomalie congénitale appelée aniridie. Ce défaut de développement de l’iris est rarissime
chez le lapin. Elle occasionne une gêne oculaire de la lumière et peut
entrainer des complications comme une cataracte ou un glaucome juvénile. L’aniridie est un
défaut congénital complexe qui est caractérisé par un développement incomplet
de la partie colorée de l’œil et qui est souvent accompagné de complications
ophtalmologiques. L’atteinte est variable selon les individus, avec une
absence partielle ou totale de l’iris. Le terme « absence totale » est, en
fait, inapproprié car un résidu rudimentaire et non-fonctionnel de tissu
irien est présent même en cas d’absence complète de l’iris. Il forme une
collerette très fine et à peine visible autour de la pupille. L’aniridie affecte en général les deux yeux. Le degré
d’atteinte peut néanmoins varier entre un œil et l’autre. Cette malformation de l’iris est très rare.
Elle a été observée chez les rongeurs, moutons, vaches, chevaux, et chez
l’homme. Aucun cas d’aniridie ne semble avoir été
décrit chez le lapin à ce jour (Merci à Michel Gruaz
pour me l’avoir signalée). Michel Gruaz Lapereau
Hollandais avec une anomalie oculaire rare : une aniridie
incomplète Effet
sur la vision et fréquence L’absence complète ou partielle de l’iris ne
permet plus de filtrer correctement la lumière. L’iris contient en effet des muscles
qui régulent la taille de la pupille afin de normaliser le passage des ondes
lumineuses vers l’intérieur de l’œil. Si l’iris est absent, même
partiellement, la taille de la pupille ne varie plus en fonction de la
luminosité et reste dilatée. Dans certains cas, la pupille est tellement
dilatée qu’il est possible de distinguer la grande circonférence du
cristallin et le corps ciliaire qui amarre le cristallin grâce à des fibres zonulaires. Un individu atteint d’aniridie
craint donc la lumière et souffre de photophobie. Lorsque la lumière est
intense, l’animal essaye de regarder de côté ou réagit également fortement
lors d’un flash de lumière tel que lors de la prise d'une photo. La gêne
provoquée par la lumière peut induire un mouvement involontaire des yeux.
L’acuité visuelle peut être affectée. Elle varie d’excellente à très mauvaise
en fonction du degré d’absence de l’iris et de l’atteinte des autres
structures de l’œil. Chez l’homme, cette malformation est observée chez une
personne sur 50.000 à 100.000. La fréquence d’apparition de cette anomalie
est inconnue chez le lapin, mais elle est très rare. Défaut
congénital souvent héréditaire L’aniridie est
généralement une malformation d’origine génétique chez les vertébrés et
l’homme, mais elle peut aussi apparaître de façon spontanée ou être causée
par une plaie par pénétration. Une hérédité familiale est observée. La
pénétrance de ce désordre oculaire est variable. La transmission est plutôt
de type autosomique dominant. Ainsi, si un des parents est affecté, les
descendants ont une chance sur deux d’avoir une aniridie.
Plus rarement, la transmission se fait sur un mode autosomique récessif. Chez
ces individus l’aniridie est souvent accompagnée de
troubles de l’équilibre et de mouvements non-coordonnés (ataxie). Dans
environ 1/3 des cas, les parents ne sont pas porteurs du gène de l’aniridie. Il s’agit d’une mutation spontanée causée par
la perte ou l’insertion d'un ou plusieurs nucléotides au niveau du gène
responsable de la formation de l’œil, qui cause cette anomalie chez un
descendant. Michel Gruaz Iris incomplet
sur le sommet et pupille est très dilatée qui ne répond pas aux différences
de luminosité Génétique
de l’aniridie Chez l’homme et les mammifères, l’aniridie est liée au gène PAX6. Ce gène est activé au
début de l'embryogenèse déjà et joue un rôle majeur dans la morphogenèse de
l’œil. Ce gène est un « chef d’orchestre ». Son expression entraînera une
cascade d’évènements sur les 2000 à 3000 membres de l’orchestre, soit 2000 à
3000 gènes impliquées dans la formation des différentes structures oculaires
et aboutira à la formation de l’œil. Pour arriver à cette fin, le gène PAX6
code pour une protéine du même nom. Cette dernière va s’attacher aux 2000 à
3000 gènes situés sur des chromosomes différents et réguler leurs activités,
soit activer leur expression ou la stopper. Comme il peut exister plusieurs
copies d’un même gène, la liaison de la protéine PAX6 avec l’une ou l’autre
de ces copies favorise l'expression d'une grande diversité génétique dans la
descendance. La protéine PAX6 contrôle ainsi l’initiation
précoce et la formation des nombreuses structures de l’œil durant le
développement de l’embryon. Une mutation au niveau de ce gène aura donc un
impact majeur avec de nombreuses malformations structurelles. Les plus
communes sont une aniridie ou une cornée très fine. Complications
oculaires de l’aniridie L’aniridie est
rarement l’unique anomalie structurelle de l’œil, même si elle est la plus
évidente. Au contraire, elle est généralement accompagnée par d’autres
défauts structurels de l’œil et de l’apparition de complications visuelles
secondaires aux conséquences graves chez le jeune individu. Ceci a été
observé aussi bien chez la souris que l’homme. Les anomalies structurelles de l’œil qui
accompagnent l’aniridie sont nombreuses. Une des
complications visibles de l’aniridie, citée plus
haut, est une dilatation et/ou une déformation de la pupille due à l’absence
de muscles dans l’iris partiel ou absent. D’autres complications incluent un
épaississement ou une vascularisation de la cornée, la partie antérieure
transparente du globe oculaire qui devient opaque. Une autre complication est
liée à une réduction du nombre de cellules souches limbiques dans la périphérie
de la cornée et la conjonctive, dont le rôle est de renouveler la cornée.
Leur nombre réduit permet à la membrane conjonctive tapissant l'intérieur des
paupières de recouvrir la cornée. L’incapacité de réparer cette partie de
l'œil après une blessure résulte en une cicatrisation ou une vascularisation
avec une perte de vision plus ou moins importante. L’aniridie
peut aussi être accompagnée par un déplacement ou une opacification précoce
du cristallin et l’apparition d’une cataracte juvénile. Lorsque le développement
des structures de l’angle de l’œil est rudimentaire, le drainage du fluide
lacrymal ne s'effectue plus. L’augmentation de la pression dans l’œil
contribue au développement d’un glaucome juvénile. Il arrive parfois aussi que l’aniridie soit accompagnée de complications non liés à
l’œil, mais au système nerveux central, comme une difficulté à détecter les
odeurs. Christine Goodhand -
Michel Gruaz Jeune lapin nain
avec une cataracte causée par Encephalitozoon cuniculi, non liée à une
aniridie
(gauche), et jeune lapin Japonais soufrant de
Remerciements De très grands mercis à Miche Gruaz (Suisse) et Christine Goodhand (USA) pour leurs photos et la permission de les utiliser pour MediRabbit. |
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