Myxomatose chez le lapin

 

 

Esther van Praag Ph.D.

 

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Le virus causant la myxomatose a été isolé en 1896 par Sanarelli. Cette maladie est originaire d’Uruguay, où elle est endémique parmi la population de lapin cottontail (Sylvilagus sp.). Le virus s’est répandu sur tout le continent américain. On a vite observé que le lapin européen (Oryctolagus cuniculi) est très sensible à ce virus, qui entraîne la formation d’abcès cutanés sévères, des infections bactériennes entraînant la mort de l’animal au bout d’une dizaine de jours. 

Durant les années 1950, le virus de la myxomatose fut introduit en Australie, afin de réduire la population de lapins sauvages. Cette opération permit d’exterminer la presque totalité de la population, à l’exception de quelques lapins, qui ont développé une résistance au virus. Ces lapins survivants ont commencé à se reproduire et ont recolonisé le territoire. En Europe, le virus s’est également vite répandu et est devenu endémique dans certaines régions.

Les membres du genre lagomorphe les plus affectés par le virus myxoma sont le lapin européen (Oryctolagus cuniculi), le lièvre européen, (Lepus europaeus) et les lapins américains (cottontails) (S. bachmani et S. floridanus).

La myxomatose est causée par un virus appartenant  à la famille des Poxviridae (pox virus). Il existe plusieurs souches dont certaines sont très virulentes, (par exemple Standard laboratory, Lausanne, California) alors que d’autres se manifestent par une maladie chronique. Des études génétiques montrent qu’il existe une relation entre le virus du myxome et le virus du fibrome de Shope (voir: Le lapin avec cornes existe-t-il vraiment ? Fibroma).

La maladie se répand essentiellement par des vecteurs piqueurs et suceurs de sang, tels que les puces, les moustiques, les poux et les acariens. Il a été observé que le virus peut survivre plus de 100 jours dans la partie bucale des puces des lapins Spilopsyllus cuniculi. Une transmission par contact cutané et par la fourrure d’un lapin à un autre serait également possible.

 

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Lapin soufrant d’un stade avancé de myxomatose, avec deds abscess de la face, des paupières enflées et des lesions sur le nez

 

  

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Gauche: Détails des lésions et croutes autour des naseaux et de la bouche.

Droite: Paupières enflées et conjonctivite purulente.

Signes cliniques

Le développement de la maladie est caractéristique d’une infection de Poxviridae. Après inoculation dans la peau, le virus commence à se reproduire dans les cellules de la peau et les nodules lymphatiques. Le virus se répand ensuite dans tout le corps (virémie).

Les premiers signes apparaissent déjà 3 jours après l’infection: inflammation des paupières (œdème), suivie par les lèvres, les organes génitaux, accompagné par une conjonctivite purulente. A des stades plus avancés de la maladie, le lapin devient aveugle. La mort survient entre le 8ième et le 15ième jour après l’infection par le virus du myxome.

 

Prof. Richard Hoop

 

Lapin souffrant de la myxomatose avec des abcès faciaux, inflammation des paupières et lésions nasales, conjonctivite et croutes recouvrant les orifices nasaux.

La forme chronique de la maladie présente la formation de tumeurs cutanées sur les oreilles, le nez et les membres. Ces tumeurs se résorbent par elles-mêmes après un certain temps.

Un effet secondaire de la forme chronique de la myxomatose est le développement d’infections bactériennes, comme la pneumonie par Pasteurella sp. ou Staphylococcus aureus. Elle peut être accompagnée de dyspnée (difficulté respiratoire).

Diagnose

Les signes cliniques dépendent de la souche virale. Le plus souvent, la maladie est fatale. Les signes cliniques visuels devraient suffire pour établir un diagnostic. Durant les phases initiales de la maladie, la myxomatose doit être différenciée de la spirochétose (Treponema sp.), une maladie qui affecte les régions périanales puis, dans les phases avancées, la tête du lapin. Les tumeurs de ces maladies montrent en effet des ressemblances. La myxomatose doit également être différenciée de maladies respiratoires, comme la Pasteurellose. Une inflammation de la région périanale n’est observée qu’en cas de myxomatose.

Si la myxomatose est chronique, il est recommandé de faire une biopsie et de vérifier la présence de virus

Traitement

Si un lapin est affecté par une souche agressive de la myxomatose, le pronostic est mauvais et ses chances de survie minimes. Il est alors recommandé d de mettre fin humainement à la vie de l’animal.

Si l’option du traitement est choisie, des soins intensifs sur une longue période de temps sont nécessaires. Il est important de garder le lapin dans un environnement tempéré  (21-22°C). Les yeux et le nez doivent être nettoyés à intervalles réguliers. Le lapins doit être nourri et doit recevoir des fluides sous-cutanées pour ne pas se déshydrater, même s’il boit de grandes quantités d’eau par lui-même. Les tumeurs cutanées pourront être excisés chirurgicalement après rétablissement du lapin.

Des complications secondaires peuvent apparaitre, comme des complications respiratoires (pneumonie) dues à Pasteurella sp. ou Staphylococcus sp.

Les lapins affectés par la forme chronique de myxomatose se rétablissent d’eux-mêmes. Des antibiotiques peuvent être donnés, pour éviter des complications respiratoires.

Dans les régions où la myxomatose est endémique et présente parmi la population de lapins sauvages, un vaccin préventif permet de protéger les lapins domestiques. Ceci n’est pas disponible dans tous les pays.

Suivant le type de vaccin, l’âge, la race, des complications sont rarement observées chez les lapins avec le développement d’une forme de la maladie plus ou moins sévère. Parfois, il faut endormir l’animal.

Denise Baart

Bucks, un lapin mâle non-castré de ±3 ans, souffrant d’une infection des yeux. Il a été traité sans succès avec des gouttes de Gentapolycort et du Baytril (enrofloxacin). Bucks a ensuite été vacciné contre la myxomatose (Lyomyxovax). Il a apparemment développé une réaction contre le vaccin. Dix jours après la vaccination, une enflure est apparue sur son dos, puis il est devenu aveugle. Des cloques se sont formées sur ses paupières. Une dermatite avec des croutes s’est développée. Comme sa condition continuait à se dégrader, malgré les soins du vétérinaire et du propriétaire, il a été humainement endormi.

 

 

Pour des informations plus complêtes sur la myxomatose chez les lapins: 

Skin Diseases of Rabbits

by E. van Praag, A. Maurer and T. Saarony,

408 pages, 2010.

 

Remerciement

Une grand merci à Denise Baart et son lapin Bucks, ainsi qu’au Prof. R. Hoop (Institut für Veterinärbakteriologie, University of Zurich, Suisse) pour la permission d’utiliser leurs photos.

Informations complémentaires

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