Abcès cutanés chez le lapin
Esther van Praag Ph.D.
|
|
MediRabbit.com est
financé uniquement par la générosité de donateurs. Chaque don, peu importe la somme, représente maroonune contribution
considérable et aidera à la poursuite de la recherche sur les maladies, les
soins, et la santé des lapins. Merci |
ATTENTION: cette page contient des images qui peuvent être
pénible à voir pour certaines personnes.
|
Un abcès est une poche de fluide et de pus, qui résulte d’une attaque par des organismes pyogéniques (par exemple des bactéries), suivie de la destruction des cellules. La poche contient généralement un amalgame de pus, de globules-blancs phagocytaires morts, de cellules nécrotiques et de bactéries vivantes ou mortes. Le pus est particulièrement épais chez les lapins. Ceci est lié au fait que leur cellules hétérophiles (l'équivalent lapin des neutrophiles) contient un niveau très bas de l'enzyme myeloperoxadase, comparé aux autres animaux (chien, chat) et l'homme. Par conséquent, la digestion et la liquefaction du matériel contenu dans l'abcès est lente et le pus garde sa consistence pâteuse. Lorsque la
quantité de pus croît, la poche devient plus grande et commence à s’isoler
des tissus environnants et de la circulation sanguine. Si l’abcès n’est pas
traité, les tissus peuvent se rompre soit à l’intérieur des tissus, soit à la
surface. Ce stade est particulièrement dangereux et douloureux, avec la
libération de bactéries et de leurs toxines dans la circulation sanguine.
La plupart des
lapins souffrant d’abcès ont une passé en relation avec la pasteurellose,
quoique d’autres bactéries telles les Staphylocoques, les Streptocoques, Pseudomonas
sp. et/ou Fusiformis
sp. sont également observées. Ces dernières sont
souvent liées à des maladies nasolacrimales ou de
problèmes aux racines dentaires, de traumatisme, d’opérations chirurgicales, d’égratignures
ou autres lésions de la peau, dues par exemple à la présence de corps
étrangers tels un morceau de foin bloqué entre deux dents, dans la plante des
pieds ou dans les glandes anales. Les abcès sont
typiquement observés au niveau de la tête, du cou et des épaules, mais
peuvent aussi se développer sur d’autres parties du corps, organes ou os. A
la palpation, les abcès ont soit une consistance dure, soit un renflement mou
et pâteux, qui bouge. La présence d’un abcès ne cause pas de douleurs chez le
lapin, à la différence d’autres animaux. On a noté que le développement d’un
abcès peut se faire en quelques jours et que leur taille peut doubler en
moins de 24 heures.
Signes cliniques
Il n’y a pas de
signes cliniques spécifiques, à l’exception de la présence d’une poche
sous-cutanée inhabituelle, une réduction de l’appétit, une augmentation de la
consommation d’eau et parfois de la fièvre.
Traitement
Le traitement d’un abcès est difficile, long et une récurrence
n’est pas rare chez les lapins. L’utilisation d’antibiotiques systémiques
n’est pas très effective et une thérapie plus agressive est souvent
nécessaire. La meilleure option reste l’excision totale de la poche
de l’abcès, des tissus nécrotiques et de la capsule de tissus fibreux
environnante. Cette intervention ne peut néanmoins pas être réalisée si plusieurs abcès sont présents ou si l’os
est affecté (par exemple ostéomyélite, infection des os mandibulaires).
Durant l’intervention chirurgicale, il est important de vérifier que tous les
canaux menant à des foyers infectieux localisés plus profondément dans les
tissus, ont été enlevés. Si de tels foyers sont présents, ils doivent être
rincés avec une solution antiseptique (par exemple avec du chlohexiderme ou du povidone iodine) au moyen d’un cathéter. Un drain peut être placé, afin de faciliter
la procédure. La cavité de
l’abcès est idéalement remplie avec un produit imprégné aux antibiotiques. De
nos jours, il existe en plusieurs types: • placement permanent de perles PMMA,
imprégnées aux antibiotiques, • remplissage temporaire avec une matrice de
collagène, (par exemple GelFoam® ou Surgicel®), imprégnée aux antibiotiques. Cette matrice
doit être changée quotidiennement ou chaque deuxième jour, afin d’éviter la
nécrose des tissus avoisinants. • remplissage temporaire « wet-to-dry
» avec une solution hygroscopique et bactéricide de sucre (par exemple 50%
dextrose ou miel manuka ou miel légèrement stérilisé aux rayons g). La
matrice doit être changée quotidiennement, afin d'éviter la nécrose des
tissus environnants. Ce dernier présente l’avantage d’éliminer les odeurs
d’ammonium et des produits sulfurés, due à la dégradation des protéines du
sérum et des parois cellulaires. Si une ostéomyélite (infection de l’os) se
développe, l’administration systémique d’antibiotiques est nécessaire. Les
antibiotiques de choix incluent ceux qui pénètrent dans les os, à savoir le
chloramphénicol, les fluoroquinolones (enrofloxacin or marbofloxacine),
la bicilline (une combinaison de pénicilline G
benzathine et de pénicilline G procaïne) ou de pénicillines semi-synthétiques pénicillinase-résistante
comme les céphalosporines ou le métronidazole. Le choix des antibiotiques sans dangers pour la santé
des lapins est limité.
Le traitement doit être agressif et long (4 à 6
semaines). Si l’antibiotique n’apporte pas d’amélioration ou si de grandes
parties de l’os sont détruites, un débridement chirurgical radical est
nécessaire. De nos jours, des perles PMMA imprégnées d’antibiotiques peuvent
être implantées près de l’os. Peu d’information
est disponible au sujet du taux d’effusion de l’antibiotique à partir des
perles imprégnées ou du gel absorbant. La croissance de nouveaux tissus
pourrait empêcher une bonne distribution des antibiotiques après 3 semaines
déjà, et limiter leur action après environ 6 semaines. On doit tenir
compte du fait que les abcès sont difficiles à soigner et la guérison totale
sans rechute et développement de nouveaux abcès ne peut être garanti à 100%.
Remerciements
Un grand merci (ordre alphabétique)
au Dr. Orlando Diaz (Lake
Howell Animal Clinic, Maitland, USA) et à Michel Gruaz (Suisse) pour la gracieuse
permission d’utiliser leurs photos. Sources d’information
Aoyama T, Sunakawa K,
Iwata S, Takeuchi Y, Fujii R. Efficacy of
short-term treatment of pertussis with clarithromycin and azithromycin. J Pediatr. 1996; 129(5):761-4. Baggiolini M, Hirsch JG, De Duve C. Resolution of granules from rabbit heterophil leukocytes into distinct populations by zonal sedimentation. J Cell Biol. 1969 Feb;40(2):529-41. Blackwell NJ. Abscesses in rabbits. Vet Rec. 1999;
144(19):540.
Harcourt-Brown F. Rabbit Medicine and Surgery,
Oxford, UK: Butterworth-Heinemann 2001, 192 pages. Hillyer EV, Quesenberry QE.
Ferrets, Rabbits, and Rodents: Clinical Medicine and Surgery New York: WB
Saunders Co.,1997. Ladefoged O. The absorption half-life, volume of
distribution and elimination half-life of trimethoprim after peroral administration to febrile rabbits. Zentralbl Veterinarmed A. 1979;
26(7):580-6. Ladefoged O. Pharmacokinetics of trimethoprim (TMP) in normal
and febrile rabbits. Acta Pharmacol
Toxicol (Copenh). 1977;
41(5):507-14. Bergman A, Yanai J, Weiss
J, Bell D, David MP. Acceleration of wound healing by topical application of
honey. An animal model. Am J Surg. 1983; 145(3):374-6. [No authors listed] Related Extraction and abscess
treatment in a rabbit. J Vet Dent. 2000; 17(2):95. Richardson V. Rabbits: Health, Husbandry and
Disease. Blackwell Science Inc,
2000. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
e-mail: info@medirabbit.com
