Est-ce que Encephalitozoon cuniculi, un parasite protozoaire
du système nerveux,
avec la pyrimethamine ?
Esther van Praag, Ph.D.
MediRabbit.com est
financé uniquement par la générosité de donateurs.
Chaque don, peu importe la somme, représente maroonune
contribution considérable et aidera à la poursuite de la recherche sur les
maladies, les soins, et la santé des lapins.
Merci
|
LES INFORMATIONS
PRéSENTéES ICI SONT à BUT éDUCATIONELS SEULEMENT. ELLES NE SUBSTITUENT PAS à
UNE VISITE CHEZ LE VéTéRINAIRE.
IL EST IMPÉRATIF DE CONSULTEZ UN VÉTÉRINAIRE AVANT L’ADMINISTRATION DE
MéDICAMENTS DéCRITS DANS CE TEXTE.
Plusieurs études montrent que
jusqu’à 80% de la population lapine saine est infectée par le parasite
protozoaire Encephalitozoon cuniculi, sans montrer de signes cliniques
et sans développer la maladie. La biologie et le cycle de vie d’E.
cuniculi sont peu connus et son mode de transmission reste un mystère. La
voie principale de transmission semble directe: de la mère à ses petits,
plutôt qu’indirect: par les excréments et l’urine. Il est aussi possible
qu’un lapin soit contaminé plus tard dans sa vie par un compagnon ou par des
excréments contaminés, quoiqu’il existe divers exemple où des lapins positifs
vivent avec un lapin E. cuniculi négatif durant de nombreuses années. Le parasite attaque le système nerveux et les organes principaux, causant
une variété de symptômes tels que le torticolis, une insuffisance hépatique,
une insuffisance rénale, de l’incontinence, des uvéites phacoclastiques,
cataractes et paralysie des membres inférieurs ou supérieurs (uni- ou
bilatéral), un nystagmus (secousses des globes oculaires), et/ou d’autres
symptômes neurologiques. Le lapin meurt souvent d’une meningoencephalitis. La présence de
Microsporidae parasites chez les mammifères
entraîne des carences en micro-éléments et en vitamines, ce qui peut résulter
en anémie. Aucune information précise n’est disponible au sujet d’E.
cuniculi. Traitement
habituel: Benzimidazoles
Le traitement actuel contre E.
cuniculi utilise divers benzimidazoles. Alors que
ces médicaments ont été utilisés avec succès chez les lapins, ils peuvent
entraîner une élévation moyenne à élevée des enzymes hépatiques dans le
sang. L’action des benzimidazoles
est lente et dépend plus de la présence continuelle du produit dans le
système digestif et le sang que de la concentration. Les benzimidazoles
se lient à la tubuline du parasite et la bloque. L’assemblage de ces
tubulines dimériques forment les microtubules, qui
jouent un rôle fonctionnel et structural important chez le parasite
(transport de molécules nutritives, division cellulaire). Les benzimidazoles bloquent également certaines voies
métaboliques du parasite, tel que le transport de glucose, sans affecter
l’hôte (lapin, chat, chien). Les différents benzimidazole
utilisé dans le traitement d’E. cuniculi sont les suivants: L’albendazole est dégradé dans
le foie en produits plus hydrophiles, ce qui diminue sa capacité à traverser
la barrière sang-cerveau; l’efficacité des produits de dégradation contre E.
cuniculi n’est, quant à elle, pas connue. L’utilisation d’albendazole, un
produit non-licencié pour utilisation chez le lapin, a entraîné la mort
soudaine de lapins sains ou l’apparition d’insuffisance de la moelle des os,
quoique cette dernière n’a pas été testée
cliniquement. En général, on observe que
l’albendazole est moins efficace que l’oxibendazole. L’oxibendazole est une
molécule plutôt lipophile qui n’est pas dégradée par le corps. Les avantages
de l’oxibendazole sont que cette molécule passe à
travers la barrière sang-cerveau ou dans le système nerveux central, qu’elle
ne possède pas de propriétés tératogènes chez le lapin et qu’elle n’est pas
dégradée dans le foie, au contraire de l’albendazole. On ne sait par contre
pas si l’oxibendazole agit efficacement contre E.
cuniculi, et quels sont les effets secondaires après une utilisation
prolongée de ce produit. Le fenbendazole a été étudié
pour ses effets préventifs et de guérison chez les lapins affectés par E.
cuniculi et les résultats ont été publiés dans un journal scientifique (Veterinary Record, 2001, pp.478-480). Ceci fut une grande
percée car ce fut la première étude scientifique qui prouvât l’efficacité du
fenbendazole, premier médicament qui semble guérir (et non simplement
contrôler) cette maladie. On a démontré par ailleurs que le fenbendazole
traverse la barrière sang-cerveau chez les souris. Dans de rares cas,
l’utilisation prolongée du fenbendazole a entraîné une insuffisance de la
moelle des os, des problèmes digestifs et de l’anorexie, quoique ceci n’a pas été étudié cliniquement. Les lapins de
laboratoire ont montré un titre élevé pour E. cuniculi un an après
avoir été traités avec le fenbendazole et sont restés asymptomatiques après
le traitement. Ces lapins, euthanasiés un an après le traitement avec le
fenbendazole, possédaient pourtant encore le parasite dans leur cerveau.
Les lapins utilisées dans
l’expérience avec E. cuniculi ont gardé un titre élevé un an après
avoir été traité avec le fenbendazole, mais sont resté cliniquement asymptomatique.
Lors d’autopsies, la présence du parasite dans le tissu cérébral a été
observée. Ces lapins étaient néanmoins totalement asymptomatiques. Dernièrement, de plus en plus de lapins traités avec un
ou plusieurs benzimidazoles montrent des rechutes
une fois que le traitement est arrêté. Des personnes possédant des lapins
traités à long-terme avec de l’oxibendazole, ont
signalé que le traitement a graduellement perdu de son efficacité, comme si
le parasite avait développé une résistance à ce médicament. Ou s’agirait-il
de deux parasites infectant le même lapin: comme E. cuniculi et la
toxoplasmose ? Utilisation de la
pyrimethamine ?
En se basant
sur la littérature scientifique et l’expérience de vétérinaires, d’autres
médicaments ont été employés chez des lapins – cas désespérés où l’euthanasie
a été considérée. Les produits utilisés incluent la lufénurone,
la pyrimethamine (utilisé dans le traitement de la
toxoplasmose chez le lapin) ou le ponazuril combiné
au fenbendazole (respectivement 5 jours et 28 jours), et ont donnée plus ou
moins succès. Le protocole
de traitement pour E. cuniculi a été développé en se basant sur ceux
contre Sarcocystis sp.
ou Toxoplasma sp. chez le cheval ou le chat,
respectivement, utilisant le médicament antiprotozoal
pyrimethamine (Daraprim),
associée avec des antibiotiques sulfa et des
anti-inflammatoires non-stéroidaux. Le traitement
dure un mois chez le cheval et deux
semaines chez le chat. Les effets secondaires sont rares. Malgré le fait
qu’une étude antérieure a montré que la pyrimethamine est ineffective contre E.
cuniculi aux concentrations de 5 et 20 mg/ml, celle de 50 mg/ml montrât
une inhibition de la croissance de l’ordre de 35%. Des études in-vitro
préliminaires récentes ont montré que le développement de spores d’E.
cuniculi est totalement stoppé en présence de doses thérapeutiques
(1mg/kg) de pyrimethamine. Chez le lapin,
la pyrimethamine a jusqu’à maintenant été employé pour traiter la
toxoplasmose, Pneumocystis carinii, la coccidiose hépatique, etc. Il a été
montré que le médicament est sans danger pour le lapin, lorsque le bon dosage
est employé. Le médicament anti-protozoaire attaque directement le parasite,
où il bloque le métabolisme de l’acide folique du parasite et de
l’antibiotique trimethoprim-sulfa accroît l’effet
de la pyrimethamine contre le parasite. Ce traitement
se base sur le protocole utilisé chez le chat, pour traiter la toxoplasmose: •
Pyrimethamine (1 mg/kg) tous les
jours, •
Acide folique: 3 to 5 mg deux fois
par semaine jusqu’à quotidien, •
Pyriméthamine: 0.5 mg/kg
deux fois par jour, •
Sulfadiazine (médicament sulfa à longue action, peut être remplacé par la trimethoprim-sulfa): 30 mg/kg deux fois par jour.
L’acide folique peut être remplacé
par la thiamine. L’acide folinique est le meilleur,
mais coûte cher. L’utilisation de trimethoprim est contra indiquée. En effet,
cet antibiotique semble intensifier l’effet toxique de la pyrimethamine Le traitement dure au minimum un
mois, deux semble apporter un meilleur résultat, mais il faut s’assurer qu’il
n’y a pas d’effets secondaires. En effet, l’administration simultanée de
pyrimethamine-sulfadiazine peut affecter le fonctionnement de la moelle des
os, une anémie ou leucopénie (diminution du nombre de globules blancs) peut
être observée. L’effet est rarement grave; il est néanmoins recommandé de
suivre le lapin et de faire des contrôles sanguins à intervalles réguliers.
L’administration d’acide folique permet de diminuer les effets secondaires du
traitement. Le lapin doit recevoir
l’antibiotique sulfa et la pyrimethamine
de façon quotidienne. En effet, l’apparition d’une résistance à la
pyrimethamine a été observée chez Sarcocystis
sp. lorsque la pyrimethamine fut administrée en
absence de l’antibiotique sulfa. Les lapins ont
été traité sous la supervision des Drs Mark Lennox
et Joanne Hach, DVM. Sweetie est un lapin âgé d’environ 10 ans, avec un titre élevé et une paralysie
totale de son seul membre inférieur. Il restait couché toute la journée et
été dépressif. Après quelques jours, il a essayé de se lever, de se tenir debout, malgré son membre
inférieur raidit. Sa dépression est passée et il montrât beaucoup d’intérêt à
son compagnon-lapin. Sweetie a montré une
amélioration immense de sa qualité de vie et de sa mobilité. Le même effet
positif a été observé chez Starsky et Sidney, un
lapin âgé de 4 ans et demi, qui possède un titre élevé pour E. cuniculi
et souffre de paralysie des membres inférieurs. Après 18 jours de traitement,
il peut se déplacer à nouveau, et tente même de sauter par le côté haut dans
son bac à chat
Remerciement
Un grand merci à
Heather McMurray (USA) et à Sharon McGovern (USA) pour l’envoi de photos de
leurs lapins durant le traitement avec la pyrimethamine et pour leurs
feedback réguliers, ainsi qu’à Sue Chang pour essayer le nouveau traitement
chez leurs lapins. Un grand merci
aussi à Renee Brennan pour la vidéo de son lapin Rudy. Merci également au
Prof. P. Deplazes (VetSuisse,
Université de Zurich, Suisse) pour le temps qu’il a pris pour partager ses
connaissances au sujet d’E. cuniculi. Merci également à aux
lapins Sweetie, Sidney et son compagnon pour leur
patience durant les sessions de photos. Information supplémentaireBiderre C, Mathis A, Deplazes
P, Weber R, Metenier G, Vivares
CP. Molecular karyotype diversity in the microsporidian
Encephalitozoon cuniculi. Parasitology.
1999; 118 ( Pt 5):439-45. Deplazes P, Mathis A, Baumgartner R, Tanner
I, Weber R. Immunologic and molecular characteristics of Encephalitozoon-like
microsporidia isolated from humans and rabbits indicate that Encephalitozoon
cuniculi is a zoonotic parasite. Clin Infect
Dis. 1996; 22(3):557-9. Gomez-Bautista M, Rojo-Vazquez FA. Chemotherapy and chemoprophylaxis of hepatic coccidiosis with sulphadimethoxine and pyrimethamine. Res Vet Sci. 1986; 41(1):28-32. Gray LC, Magdesian
KG, Sturges BK, Madigan JE. Suspected protozoal myeloencephalitis in a two-month-old colt. Vet
Rec. 2001; 149(9):269-73. Lindsay DS, Dubey JP. Determination of the activity of
pyrimethamine, trimethoprim, sulfonamides, and combinations of pyrimethamine
and sulfonamides against Sarcocystis neurona in cell cultures. Vet
Parasitol. 1999; 82(3):205-10. Mrema JE, Rieckmann KH. A rabbit--in vitro system to evaluate drug
action against Plasmodium falciparum. Trans R Soc Trop Med Hyg. 1983;
77(1):130-5. Mathis A, Akerstedt J, Tharaldsen J, Odegaard O, Deplazes P. Isolates
of Encephalitozoon cuniculi from farmed blue foxes (Alopex lagopus)
from Norway differ from isolates from Swiss domestic rabbits (Oryctolagus
cuniculus). Parasitol Res. 1996; 82(8):727-30. Mathis A, Michel M, Kuster H, Muller C, Weber R, Deplazes P. Two Encephalitozoon
cuniculi strains of human origin are infectious to rabbits. Parasitology.
1997; 114 (Pt 1):29-35. Moore LA, Johnson PJ, Messer NT, Kline KL, Crump LM, Knibb
JR. Management of headshaking in three horses by treatment for protozoal
myeloencephalitis. Vet Rec. 1997; 141(11):264-7. Peeters JE, Geeroms R, Halen P. Evolution of coccidial infection in
commercial and domestic rabbits between 1982 and 1986. Vet Parasitol.
1988; 29(4):327-31. Peeters JE, Geeroms R, Froyman R, Halen
P. Coccidiosis in rabbits: a field study. Res Vet Sci. 1981;
30(3):328-34. Suter
C, Muller-Doblies UU, Hatt JM, Deplazes P. Prevention and treatment of Encephalitozoon
cuniculi infection in rabbits with fenbendazole. Vet Rec. 2001;
148(15):478-80. Sobottka
I, Albrecht H, Visvesvara GS, Pieniazek NJ, Deplazes P, Schwartz DA, Laufs R,
Elsner HA. Inter- and intra-species karyotype variations among microsporidia
of the genus Encephalitozoon as determined by pulsed-field gel
electrophoresis. Scand J Infect Dis. 1999; 31(6):555-8. Thomas C, Finn M, Twigg L, Deplazes P, Thompson RC. Microsporidia (Encephalitozoon
cuniculi) in wild rabbits in Australia. Aust Vet J. 1997; 75(11):808-10. Tassignon
MJ, Brihaye M, De Meuter F, Vercruysse A, Van Hoof F, De Wilde F. Efficacy of
treatments in experimental toxoplasmosis Bull Soc Belge Ophtalmol. 1989; 230:59-72. French. |
e-mail: info@medirabbit.com