Otite de l’oreille moyenne ou interne
Esther van Praag, Ph.D.
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Otitis media et interna,
noms latins pour une inflammation des chambres auriculaires situées derrière
la membrane tympanique, concernent environ la moitié de tous les cas de
maladies vestibulaires graves. L’oreille
moyenne est localisée directement derrière la membrane tympanique. Elle se
compose de divers osselets et du nerf auriculaire, qui sont responsables de
la transmission des sons provenant de l’oreille externe vers le cerveau.
L’oreille moyenne est connectée au rhino-pharynx par la trompe d’Eustache, un
conduit étroit permettant de stabiliser la pression de l’air au niveau de
l’oreille moyenne. L’oreille interne est localisée près du cerveau, et sert
principalement au maintien de l’équilibre.
Otitis media ou otite de l’oreille moyenne est une infection qui se
localise directement derrière le tympan. La présence de bactéries, de
mycoses, de levures ou de parasites induit la production de fluides et de
pus, ce qui résulte en une inflammation douloureuse, avec pour conséquence
une perte possible de l’audition.
Lorsque l’infection est sévère, une
rupture de la membrane tympanique peut avoir lieu. Le pus contenu dans
l’oreille moyenne s’écoule alors dans le canal auriculaire, et l’infection peut
s’étendre à l’oreille externe. Une progression de l’infection vers l’oreille
interne peut également avoir lieu (otitis interna ou labyrinthite). Ce
développement est caractérisé par un torticolis, et une perte de l’équilibre.
Pasteurella multocida, un hôte naturel de la cavité
nasale du lapin, est fréquemment associée aux otites de l’oreille moyenne et
interne. Un lapin sain peut être porteur de cette bactérie, sans montrer de
signes cliniques particuliers. Le développement de la maladie dépend de la résistance
générale de l’hôte aux maladies et de la virulence de la souche de Pasteurella
sp. Il est suggéré que la bactérie migre de la
cavité nasale vers l’oreille moyenne par la trompe d’Eustache ou par un abcès
d’une racine dentaire en connections avec la trompe d’Eustache. Staphylococcus aureus est considéré comme un pathogène
opportuniste de la cavité nasale du lapin. Sa présence dans l’oreille
entraîne des otites de l’oreille moyenne ou interne graves. Staphylococcus
aureus possède parfois une résistance à un ou plusieurs antibiotiques. D’autres bactéries entraînant une infection de
l’oreille interne comprennent Streptococcus sp., Escherichia coli,
Enterococcus sp.,
Proteus sp., Pseudomonas sp.. Il existe des cas sporadiques d’infection par des
levures, par exemple Candida sp. ou Pityrosporum sp. Une
infection par un agent mycosique, par exemple Cryptococcus
sp, est rare. Signes cliniquesLes signes cliniques pour
une infection de l’oreille moyenne sont souvent absents. Parfois ils sont
difficiles à distinguer de ceux d’une infection de l’oreille externe: secouer
les oreilles, les gratter ou les laver de façon excessive, anorexie,
dépression et douleurs. Un écoulement de pus peut être observé dans le canal
de l’oreille externe, au cas où la membrane tympanique se serait rompue. Une infection de l'oreille moyenne est charactérisée par le balancement de la tête et l'oreille qui penche ou tombe sur le côté. Une paralysie de la face est possile lorsque le nerf facial est comprimé par le tissu enflammé. Le lapin entend moins bien à cause du pus présent dan l'oreille. Cette condition est douloureuse. Une infection de l’oreille interne est accompagnée d’ataxie (perte de
contrôle de l’équilibre), de penchement vers un côté et un torticolis, par un
nystagmus (mouvement continues involontaire de l’œil) horizontal ou
rotatoire. Certain lapin balancent leur tête. Ceci
est dû à la pression de l’infection ou des tissus inflammés
sur les nerfs passant par la région vestibulaire du cerveau. Une paralysie de
la face est parfois observée si l’infection est localisée dans l’oreille
interne.
L’apparition d’un nystagmus
(mouvement rythmique involontaire de l’œil) est observée lorsque le
traitement est tardif ou inapproprié, Lorsqu’il est présent, ceci peut être
indicatif d’une infection de l’oreille interne ou d’E. cuniculi. selon
l’endroit de la lésion, différent mouvement de l’œil sont observés : -
Une infection de l’oreille interne entraine le syndrome
vestibulaire périphérique. Ceci est caractérisé par un nystagmus horizontal
ou rotatoire, mais jamais vertical. -
E. cuniculi entraine souvent un syndrome vestibulaire centraé,
qui est caractérisé par un nystagmus vertical ou positionel,
plus rarement horizontal. Le mouvement vertical des yeux semblent le plus
courant chez les lapins ne souffrant pas d’otite secondaire de l’oreille
interne. -
Le nystagmus rotatoire (dans les directions
horizontales et verticales) peut être causé par des lésions du cervelet, du
tronc cérébral ou des connections vestibulaires dues à la présence d’une
tumeur ou d’une infection bactérienne (encéphalite). La direction du mouvement oculaire ne doit pas ‘etre un outil pour un diagnostic final entre une otite de
l’oreille interne et le E. cuniculi. The nystagmus est en effet un signe
clinique lié à différentes maladies métaboliques, des problèmes oculaires
(glaucome, cataracte, problèmes de la rétine ou albinisme), de déficience
nutritives (par exemple le magnésium, la thiamine), des médicaments (e.g. barbiturates), la présence
de lésion dans le cerveau ou traumatisme.
DiagnosticIl est important de différencier une otite d’autres causes de maladies vestibulaires. Voir: Torticolis et ses causes variées. Une otite de l’oreille moyenne est visible
sur une radiographie, au contraire d’une otite de l’oreille interne et de
lésions causées par E. cuniculi. Les changements sont visibles au niveau
de la densité du tissu mou au niveau de l’oreille moyenne, avec l’apparition
d’une masse opaque grise. Celle-ci est parfois accompagnée par une
sclérose et une prolifération de la masse osseuse, qui peut aller jusqu’à
l’os temporal ou l’articulation temporo-mandibulaire. Une radiographie permet
par ailleurs d’exclure toute cause d’origine dentaire ou E. cuniculi. Si du pus est observé dans l’oreille
externe, la présence de bactérie, levures ou mycose doit être déterminée au
moyen d’une culture bactérienne ou autre, accompagné d’un test de sensibilité
aux divers antibiotiques (antibiogramme) afin de déterminer le traitement
antibactérien ou antimycosique le plus efficace. Les méthodes cytologiques permettent
également de déterminer s’il y a présence de bactéries, levures, mycoses ou
certains types de cancer. Une analyse complète du sang et de
biochimie du sang permettent de déterminer la présence d’une infection ou d’E.
cuniculi, avec une neutrophilie ou des
changements de valeurs indicatives du fonctionnement des reins (BUN,
créatinine). Une étude sérologique permet de déterminer
si le lapin a été exposé à la bactérie Pasteurella sp.
ou au parasite E. cuniculi durant sa vie. TraitementLe traitement
antibiotique se base sur les résultats des cultures bactériennes et des tests
de sensitivité à divers antibiotiques. Ceci n’est pas toujours possible ;
dans ce cas des antibiotiques passant à travers la barrière sang-cerveau
doivent être administrées. Le
chloramphenicol ou la pénicilline (bicillin)
passent à travers cette barrière et traitent avec succès les otites affectant
l’oreille moyenne et interne. Le trimétoprime
sulfate est parfois recommandé, mais la guérison tarde souvent à venir. Il
est possible que ceci soit lié au fait que la demi-vie de cet antibiotique
est d’environ 40 min chez le lapin. Le ciprofloxacin
a traité avec succès une infection de l’oreille interne chez un lapin nain.
Il est aussi possible d’administrer une combinaison d’antibiotiques, par
exemple un mélange d’enrofloxacin/chloramphenicol ou
marbofloxacin/pénicilline. Le traitement
doit être agressif et long, au minimum 6 semaines, ou jusqu’à 2 semaines
après la disparition totale des symptômes. Si aucune amélioration n’est notée
après 14 jours, il est recommandé de changer d’antibiotique. Afin de
minimiser l’apparition de résistances aux antibiotiques chez les bactéries
pathogènes, il est conseillé d’administrer un cocktail incluant l’ancien
antibiotique ainsi que le nouveau. Un examen de
l’oreille externe par otoscope est nécessaire afin de déterminer l’état de la
membrane tympanique. Si elle est rompue, l’administration de gouttes
antibiotiques peut aboutir à une ototoxicité, avec
comme conséquences une surdité permanente, une perte de l’équilibre ou la
mort du lapin. Une alternative sûre est le lavage de l’oreille interne avec
une solution saline, afin d’enlever les débris et le pus. La cure
d’antibiotiques doit être accompagnée par celle de médicaments analgésiques
non stéroïdaux. La méloxicame peut être utilisées
sur une longue période de temps, sans effets secondaires chez le lapin. L’utilisation
de corticostéroïdes dans le traitement des otites est controversée. Ils sont
recommandés durant les premiers de traitements, afin de réduire
l’inflammation, mais leurs utilisations ne devraient pas excéder 5 jours, à
cause de leurs effets immunosuppressifs. L’administration
de méclizine, un médicament contre le vertige, est
utile en cas d’otite de l’oreille interne. Si le lapin
présente des difficultés à manger ou boire, il faut le nourrir de force et
lui administrer des fluides par infusion subcutanée. Au cas où la
structure de l’oreille moyenne ou les nerfs auriculaires seraient endommagés,
la surdité ou le manque d’équilibre est irréversibles. Le pronostic
d’un drainage chirurgical, comme l’ostéotomie auriculaire est mauvais et
s’accompagne souvent de complications post-chirurgicales chez les lapins. Ce
type d’opération peut néanmoins être utilisé dans des cas extrêmes, où les
antibiotiques n’arrivent pas à contrôler l’infection .
Remerciement
Toute ma gratitude au
Dr Zahi Aizenberg (the Hebrew
University of Jerusalem,
Israel), et à Elana Grisafi Favre (La colline aux lapins, Suisse) pour la permission d'utiliser leurs
photos. Un grand merci aussi à Renee Brennan pour
la vidéo de son lapin Rudy et à Kei Rivers pour la vidéo de son lapin Holly. Information supplémentaireBjotvedt G, Geib LW. Otitis media associated with Staphylococcus
epidermidis and Psoroptes cuniculi in a rabbit. Vet Med Small Anim Clin. 1981; 76(7):1015-6. Flatt RE, Deyoung DW, Hogle
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cuniculus). Lab Anim Sci. 1973; 23(2):270-2. |
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