Diarrhée de sevrage chez les lapereaux

 

Esther van Praag, Ph.D.

 

 

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Certaines étapes de la vie du lapin sont stressantes. Les peurs ou inquiétudes qu’elles engendrent peuvent affecter le comportement du lapin, et le rendent plus sensible aux maladies ou aux infections d’origine bactérienne ou parasitaire. Les fonctions digestives sont particulièrement touchées et il en résulte diarrhée et douleurs abdominales.

Le sevrage est une phase délicate qui détermine le développement du système digestif chez le lapereau. Peu à peu, l’intestin et le caecum sont envahi par une flore bactérienne saine. Chez les jeunes avec une santé plus fragile, ce sont souvent les bactéries pathogènes qui envahissent le système digestif. L’âge du sevrage est également important. Le processus naturel de colonisation par les bactéries a lieu entre 6 et 8 semaines.

Sources de stress importantes

La mise-bas. Elle dure souvent moins de 15 minutes. Ce moment est accompagnée d’un stress énorme, surtout lorsque la mise-bas dure longtemps. Les nouveau-nés trop faibles auront de la peine à rejoindre rapidement le nid chaud préparé par la lapine et, de ce fait, ne boiront pas de premier lait-colostrum en quantité suffisante.

Michel Gruaz

 

Femelle de race Japonais léchant ses nouveau-nés après la mise-bas

Le sevrage. C’est une étape difficile pour le lapereau. Le sevrage physiologique commence à l’âge de 4 semaines. Les jeunes boivent moins de lait et s’intéressent plus de la nourriture solide. Le sevrage physique a lieu entre 6 et 8 semaines, alors que la lapine produit moins de lait. Il est encouragé par la lapine, qui s’absente plus longtemps et allaite moins ses petits. Le stress engendré par le sevrage, le nouveau rythme d’alimentation et la transition d’une alimentation lactée de la mère vers une nourriture solide d’origine végétale sont autant de raisons pour déstabiliser le système digestif et affecter la croissance des lapereaux. Un déséquilibre de la flore bactérienne intestinale et caecale (dysbiose) est accompagné d’une dépression du système immunitaire et une diminution de la résistance aux maladies infectieuses ou parasitaires. Si ceci est suivi d’un transport des jeunes ou au mélange de nichées différentes, le risque de diarrhée du sevrage croit rapidement. Au cas où il faut déplacer les jeunes, il vaut mieux prendre exemple sur la lapine sauvage qui laisse ses petits dans le nid et s’en va vers un terrier. Les jeunes restent dans leur milieu qui leur est familier alors que la lapine serai mise dans un nouveau clapier ou autre. Les jeunes plus faibles peuvent rester quelques jours de plus avec la lapine, afin de profiter de son dernier lait. Ceci permet également d’éviter une accumulation douloureuse de lait chez la lapine.

 Michel Gruaz

 

Lapereaux âgés de 21 jours, s’intéressant à de la nourriture fraîche

Un changement d’aliment. Une modification des aliments affecte aussi bien les jeunes lapins que les adultes. Afin de diminuer le stress lié à ce changement, il est recommandé de procéder lentement, en mélangeant l‘ancien aliment avec le nouveau. La qualité de l’aliment est aussi importante, afin d’éviter toute contamination par des toxines produites par des champignons. Le foin doit être de bonne qualité et être fourni à volonté.

Transport. Le transport est stressant pour les lapins, surtout au moment du sevrage. Si, en plus, les nichées sont mélangées au moment du sevrage, le stress imposé aux lapereaux est énorme.

 Michel Gruaz

 

Nichée mélangée de lapereaux

Développement du système digestif des lapereaux

Le système digestif des lapereaux est unique dans le monde animal. La lapine nourrit ces petits qu’une fois par jour, durant 3 à 5 minutes. Le lait maternel possède un pH relativement élevé (entre 5.0 en 6.5) en contient des acides gras à chaines courtes et moyennes. Ces acides gras ont des propriétés antibactériennes, en particulier contre Clostridium perfringens et Escherichia coli. Même si ceci devrait contribuer à une flore bactérienne dans l’intestin, ce n’est pas le cas chez les lapereaux. Un composant enzymatique du lait maternel se lie avec une enzyme présente dans l’estomac des lapereaux. Il en résulte un acide gras (lait huileux) qui empêche tout développement bactérien dans le système digestif des jeunes durant les 21 premiers jours de leur vie.

   

 Debbie

 

Alors que ce lapereau commence à grignoter du foin à l'âge de 3 semaines, il continue de

boire du lait maternel à 4 semaines

 Entre la 3ième et la 6ième semaine, le lapereau commence à grignoter une nourriture solide (granulés, foin, verdure fraiche) ainsi que les crottes solides et molle que la lapine dépose autour du nid. A ce stade, le système digestif du lapereau n’est pas assez développé pour assurer une transition de la nourriture lactée à la nourriture solide. En effet, tant qu’il boit du lait maternel, la présence de ce lait huileux empêche les bactéries de se multiplier et de peupler l’intestin et le caecum.

Une fois que le lapereau boit moins de lait, le pH de l’estomac va descendre entre 1 et 2. Durant cette phase, les bactéries peuvent se multiplie et colonise le système digestif. Ce sont essentiellement Bacteroides sp., Streptococcus fecalis et des bactéries anaérobies strictes. Ces bactéries seront régénérées dans ces organes grâce à la coprophagie.

Un caecum sensible

Des facteurs comme le stress, une acidité plus élevée que normale, une alimentation trop riche en protéines ou trop pauvre en fibres, ou trop d’aliments solides à disposition durant la période de sevrage jouent un rôle important. Aussi, le système immun des lapereaux est peu développé à cet âge, ne protégeant pas le lapereau contre les bactéries pathogènes comme Clostridium sp. of Escherichia coli, contre les clostridies ou autres parasites internes.

Finalement, l’administration de certains antibiotiques peut aussi entrainer des diarrhées mortelles chez le lapereau.

 

Le caecum est un milieu anaérobe et légèrement acide à cause du processus de fermentation qui y a lieu. Les bactéries contenues dans cet organe sont très sensibles à tout changement : pH, concentration osmotique (osmolarité), concentrations d’amidon dans l’alimentation, mais aussi au stress, par ex., dû à une maladie ou la peur. Ceci concerne particulièrement les jeunes âgés de 4 à 12 semaines, mais aussi les lapins âgés.

Un stress provoque une augmentation de l’adrénaline (hormone du stress) dans le sang. L’adrénaline agit sur le centre d’alarme du lapin et sur les récepteurs sensibles à l'adrénaline de l’intestin. Par conséquent le mouvement péristaltique est affecté, voire même stoppé. Le caecum reste partiellement ou entièrement vide et le pH augmente, modifiant les conditions de fermentation. Les conditions de vie de la bactérie Bacteroides sp. se dégradent. La bactérie se met alors à produire des gaz dans le caecum and dans l’intestin.

 MediRabbit

 

Des études au baryum de lapins affectés montrent un caecum totalement dilaté (flèches)

Les lapereaux ou lapins adultes stressés ou malades ignorent souvent leurs caecotrophes. Leur qualité est mauvaise due aux dérangements dans le caecum, ou leur odeur est anormale à cause des médicaments (antibiotiques) administrés. Dans un tel cas, le lapin peut recevoir des suppléments probiotiques spéciaux pour lapins.

Diarrhée de sevrage

Une inquiétude majeure pour les éleveurs de lapins est la diarrhée du sevrage. Cette pathologie du système digestif est répandue et 40 à 100% d’une nichée peut être atteinte et en meure.

La transition vers une alimentation végétale ne va pas de soi chez le lapereau. Il doit comprendre qu’il ne lui reste plus que de la nourriture solide à disposition et il doit s’habituer aux nouveaux goûts. Il mange moins et perd du poids. Au niveau de l’intestin et du caecum, la flore bactérienne doit s’adapter et se réorganiser afin de digérer une nourriture végétale. Cette réorganisation bactérienne peut conduire à une croissance anormale de bactéries pathogènes comme les streptocoques, Clostridium perfringens ou Escherichia coli avec, comme conséquence, la production d’entérotoxines ou autres molécules toxiques. Ces dernières affectent le transit intestinal, la flore bactérienne et la digestion/absorption des aliments. Les toxines circulent aussi dans le sang vers les organes vitaux, où elles causent des dommages aux tissus.

La transition vers une alimentation végétale ne va pas de soi chez le lapereau. Il doit comprendre qu’il ne lui reste plus que de la nourriture solide à disposition et il doit s’habituer aux nouveaux goûts. Il mange moins et perd du poids. Au niveau de l’intestin et du caecum, la flore bactérienne doit s’adapter et se réorganiser afin de digérer une nourriture végétale. Cette réorganisation bactérienne peut conduire à une croissance anormale de bactéries pathogènes comme les streptocoques, Clostridium perfringens ou Escherichia coli, avec comme conséquence la production de toxines ou autres molécules toxiques. Ces dernières circulent dans le sang vers les organes vitaux, où elles causent des dommages aux tissus.

Le stress, quand à lui, entraîne une diminution de la circulation sanguine dans le système digestif. Le manque d’oxygène (ischémie) cause des dommages locaux aux tissus.

 Michel Gruaz

 

Le contenu du système digestif est totallement liquide chez ce lapereau de 24 jours

 

Certains lapereaux mangent peu ou pas du tout durant les 24 heures qui suivent le sevrage. Il y a peu d’information sur les conséquences d’un tel jeune sur la santé. La diminution de l’appétit pourrait néanmoins causer des changements au niveau de la paroi de l’intestin. Des études ont montré que des lapereaux ayant peu mangé durant une semaine présentent des modifications de la structure de l’intestin : les villosités intestinales (replis de la muqueuse et du tissu conjonctif sous-jacent) sont plus courtes et les cryptes intestinales moins profondes. La surface de l’intestin est plus petite et, par conséquent, la capacité à absorber des nutriments contenus dans l’alimentation est diminuée. La croissance des lapereaux est plus lente que ceux nourrit normalement.

L’association d’un aliment nouveau, d’un appétit diminué ou stoppé et de stress provoque la diarrhée du sevrage.

Lors de l’autopsie, le contenu de l’intestin et du caecum est liquide.

Traitement

Il est très important de maintenir les jeunes lapins bien hydratés, surtout en cas de diarrhée sévère. Dans ce cas, une solution physiologique avec des électrolytes doit être administrée. La solution doit être tiède, afin de ne pas causer une hypothermie.

L’administration de fluides physiologiques doit être accompagnée d’un aliment riche en fibre et de foin de bonne qualité.

Le charbon actif est très efficace en cas de diarrhée. La poudre très fine permet de lier les toxines produites par les bactéries pathogènes. Ce produit naturel ne doit pas être donné sur une longue période, car il lie aussi les nutriments, les vitamines et autres molécules nutritives. Le kaolin a un effet similaire, en absorbant les bactéries, les toxines, l’eau ainsi que les molécules nutritives. De ce fait, elle ne doit être donnée aux lapereaux que sur une courte période de temps.

La pectine, par ex celle contenue dans les pelures de pomme, permet d’arrêter la diarrhée.

Les jus de myrtille ou de cassis, ou des myrtilles fraiches aident en cas de diarrhée légère et possèdent une action légèrement désinfectante. La poudre de graines de caroubier (farine de caroube), la grenade ou le thé vert possède de fortes propriétés anti-oxydantes (polyphénols) qui aident au rétablissement de la flore intestinale et stimulent le système immun.

Des herbes aromatiques comme l’origan (Origanum vulgare), la marjolaine (Origanum majorana), le thym ou la lavande possède aussi de légères propriétés désinfectantes, entre autres contre les colibacilles (Escherichia coli).

Enfin, l’hygiène est primordiale, surtout en cas de diarrhée d’origine bactérienne.

Des plantes ou produits naturels peuvent aider à prévenir ou stopper la diarrhée. Ce sont des aides efficaces, qui agissent différemment que les médicaments vétérinaires. Attention, ils ne remplacent pas un traitement vétérinaire quand celui-ci est nécessaire.

Plantes agissant contre la diarrhée

Plante

Application

Parties

Administration

Cassis(Ribes nigrum)

 

Feuilles fraiches ou séchées, fruits, thé

 

Chêne (Quercus sp.)

Contre la diarrhée

Feuilles fraiches

Quelques feuilles avant de donner de la nourriture

Erable (Acer sp.)

 

Feuilles

Petites quantités

Fraise (Fragaria x ananassa)

Santé intestinale

Feuilles fraiches ou séchées

 

Frêne (Fraxinus excelsior)

Santé intestinale

Feuilles

Une petite branche avec feuilles, fraîche ou séchée.

Millefeuille (Achillea millefolium)

Santé intestinale

Feuilles fraiches

 

Mûre (Rubus fruticosus)

Agit efficacement contre la diarrhée

Feuilles fraiches, séchées ou thé.

Petite quantité, car effet sur le glucose sanguin

Myrtille (Vaccinium myrtillus)

Soulage l’intestin contre des troubles ou la diarrhée

Feuilles fraiches ou séchées, fruits

 

Oregan (Origanum vulgare)

Santé intestinale

Feuilles

Une petite branche avec feuilles, fraîche ou séchée

Plantain (Plantago major)

Santé intestinale, appétit

Feuilles fraiches, séchées ou thé

 

Pomme (Malus domestica)

Soulage l’intestin contre des troubles ou la diarrhée

Fruit

La pomme est amphotère et aide à soulager la diarrhée. Petites quantités

Rose (Rosa sp.)

Contre la diarrhée et la constipation

 

Feuilles, jeunes tiges, pétakes, thé

le thé de rose aide aussi à l’ouverture des paupières chez les lapereaux

Thym (Thymus vulgaris)

Tegen ontsteking in de darm, eetlust, tegen gas in de darm

Blad, jonge stelen

Vers, gedroogd of thee

 

Produits naturels commerciaux agissant contre la diarrhée

Produit (nom)

Application

Contient

Administration

Biotronic Top Liquid

Contre la diarrhée

Acides organiques

Eau de boisson

Grazexin

Contre la diarrhée

Grenade, thé vert

Eau de boisson

Digestarom

Favorise la santé intestinale

Extrait de plantes

Dans l’aliment

CuniProtect

Favorise la santé intestinale

Plantes aromatiques et autres plantes

Eau de boisson

Globatan

Contre la diarrhée

Tannins de la châtaigne

Dans l’aliment

Herb-All Cocc X

Contre la coccidiose

Plantes aromatiques

Dans l’aliment

Herbavit

Favorise la santé intestinale et stimule l’immunité

Plantes, vitamines, minéraux argileux

Eau de boisson

ImPactPoeder

Protège la paroi intestinale des toxines bactériennes et du trop de fluides

Argile avec kaolin

Dans l’aliment

Ropadiar

En cas de diarrhée

Huile d’origan

Dans l’aliment ou l’eau de boisson

FormaXOL

Agit contre les salmonelles

Mélange d’acides organiques

Eau de boisson

Remerciements

Un grand merci à Michel Gruaz (Suisse) pour les discussions intéressantes au sujet des problèmes digestifs et de l’alimentation des lapereaux.

Information supplémentaires

Jones JR, Duff JP. Rabbit epizootic enterocolitis. Vet Rec. 2001 Oct 27;149(17):532.

Hoop RK, Ehrsam H, Keller B. 10 years of rabbit autopsy--a review of frequent disease and mortality causes. Schweiz Arch Tierheilkd. 1993; 135(6-7):212-6.

Tribe GW, Whitbread TJ, Watson GL. Fatal enteritis in rabbits associated with a spirochaete. Vet Rec. 1989; 124(22):595.

Licois D. Tyzzer's disease. Ann Rech Vet. 1986; 17(4):363-86.

Sinkovics G. Rabbit dysentery: 3. Diagnostic differentiation. Vet Rec. 1978 Oct 7; 103(15):331-2.

Patton NM, Holmes HT, Riggs RJ, Cheeke PR. Enterotoxemia in rabbits. Lab Anim Sci. 1978; 28(5):536-40.

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