Les lapins peuvent-ils avoir le diabète ?

 

 

Esther van Praag, Ph.D.

 

 

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La maladie du diabète est liée au pancréas, un organe qui possède des cellules endocrines appelées îlots de Langerhans. Les cellules au sein de ces îlots sécrètent de l’insuline dans le système sanguin. Le niveau de glucose dans le sang est contrôlé par cette sécrétion d’insuline. En effet,  on observe une forte diminution de l’excrétion d’insuline (hypoinsulinemia) lorsque le pancréas d’un lapin est ligaturé, accompagné par une augmentation du glucagon (hyperglucagonémie). En conséquence le niveau du glucose sanguin augmente terriblement.

DW ductus, V pylorus, Vf, gall bladder with ductus) from: “Das Kaninchen”, by Dr. U. Gerhardt, 1909

Pancréas du lapin

En médecine humaine, deux types principaux de diabète sont observés:

     Type 1 (ou I ou juvénile). Ce diabète est caractérisé par la destruction des îlots de Langerhans. L’origine de ce type de diabète est incertaine: une réaction auto-immune contre un virus, entrainant une réaction par mimétisme de destruction des protéines de surface des cellules des îlots. Un individu soufrant de ce type de diabète doit s’injecter de l’insuline à intervalles réguliers.

     Type 2 (ou II). Ce diabète affecte plutôt les personnes obèses. La production d’insuline est normale, du moins au début de la maladie, mais les cellules ont développé un mécanisme de résistance et deviennent insensibles au l’insuline. Par conséquent, le niveau du sucre dans le sang reste élevé. Les individus souffrant de diabète II doivent prendre des médicaments par voie orale, afin de réduire le niveau du sucre (par exemple le glucophage).

Le vrai diabète est une condition rare chez les lapins, et est à peine décrite dans la littérature scientifique, à l’exception des cas de diabète induit expérimentalement après administration d’alloxane ou streptozotine. Les types de diabète 1 ou 2 ont été observés chez les lapins; les symptômes du type 2 sont parfois rencontrés chez les lapins obèses.

Durant la première phase de la maladie, les lapins sont capables de compenser le manque de production d’insuline par le pancréas. Il semblerait en effet que l’insuline joue un rôle moins important chez le lapin et les herbivores en général, que chez les carnivores. Beaucoup de plantes possèdent de plus de propriétés hypoglycémiantes et, après ingestion,  peuvent aider le lapin à réguler son niveau de glucose sanguin. Une alimentation saine, avec une grande variété de végétaux frais, peut ainsi aider un lapin diabète ou souffrant de symptômes ressemblant à ceux du diabète, sans devoir donner régulièrement des injections d’insuline.

Signes cliniques

Chez les lapins ayant subit une induction du diabète par médicaments, l’hyperglycémie est accompagnée de polydipsie (soif excessive), polyurie  (un besoin excessif d’uriner) et de la  polyphagie (désir excessif de manger).

Pathologie

Chez les lapins Nouveau_Zélandais souffrant de diabète de type 1, les cellules endocrines des îlots de Langerhans présentent une hypergranulation, par rapport aux ceux de lapins sains non-diabètes. Chez d’autres animaux, c’est au contraire une dégranulation qui est généralement observée. Le manque de production d’insuline est accompagnée par la glycolysation de l’hémoglobine (fixation du glucose sur l’hémoglobine, une protéine impliquée dans le transport de l’oxygène dans les globules rouges). Avec le temps, les lapins non-traités avec de l’insuline souffriront des mêmes effets secondaires que ceux observés chez les humains, à savoir une minéralisation des reins, des troubles oculaires et des problèmes au niveau des vaisseaux sanguins, indépendamment d’une alimentation correcte.

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Les lapins obèses développent plus souvent des symptômes ressemblant au diabète

Diagnostic

Le simple fait de manipuler un lapin lors d’un examen clinique peut entraîner une augmentation du niveau de glucose dans le sang de l’ordre de 8.6 mmol/l et plus, et peut ainsi falsifier un test sanguin. Ce phénomène est en relation avec la libération d’adrénaline, une molécule qui s’oppose à l’effet de l’insuline, permettant une augmentation du glucose sanguin. Knudtzon J. a démontré ce phénomène dans ces publications au sujet du diabète chez le lapin.

Par conséquent, le diabète ne peut être diagnostiqué par un simple test sanguin; une série de tests sanguins doit être faite sur un certain laps de temps afin de confirmer la maladie.

Un test sanguin doit inclure:

- glucose sanguin,

- osmolarité du sérum,

- azotémie,

- déséquilibres des électrolytes sanguins, en particulier le sodium et potassium,

- glucose dans l’urine,

- glycosylation des protéines (test de la fructosamine),

- hémoglobine glycosylée (HbAc1).

L’hyperglycémie (surcharge de glucose dans le sang) a été associée à un blocage intestinal, avec un mauvais pronostic pour le lapin. Il semblerait que ceci soit dû à une dégénérescence des lipides dans le foie. Si le lapin survit, le niveau de glucose sanguin, atteignant jusqu’à 25 mmol/l, redevient normal.

Diagnostic différentiel

Le diabète doit être différencié entre:

   un problème endocrine, par exemple une surproduction de cortisol ou de glucagon, maladie de Cushing,

   des désordres dans les organes cibles (foie, tissu adipeux, muscle),

   pancréatite (inflammation du pancréas),

   glycosurie rénale.

Traitement

Le traitement de choix est une alimentation saine:

     foin,

     végétation fraîche,

     de la nourriture sèche de bonne qualité,

     pas de friandises riches en sucres.

Si un lapin est obèse, une réduction de poids doit être planifiée. Ceci doit se faire lentement, sur plusieurs semaines ou mois, plutôt que jours. Des injections d’insuline ne sont pas nécessaires. Un lapin survit bien avec une alimentation saine en absence d’injection d’insuline, au contraire des chiens et des chats.

Information supplémentaire

Catala J, Daumas M, Chanh AP, Lasserre B, Hollande E. Insulin and glucagon impairments in relation with islet cells morphological modifications following long term pancreatic duct ligation in the rabbit--a model of non-insulin-dependent diabetes. Int J Exp Diabetes Res. 2001; 2(2):101-12.

Conaway HH, Faas FH, Smith SD, Sanders LL. Spontaneous diabetes mellitus in the New Zealand white rabbit: physiologic characteristics. Metabolism. 1981; 30(1):50-6.

Roman-Ramos R, Flores-Saenz JL, Alarcon-Aguilar FJ. Anti-hyperglycemic effect of some edible plants. J Ethnopharmacol 1995; 48(1):25-32

Roth SI, Conaway HH, Sanders LL, Casali RE, Boyd AE 3rd. Spontaneous diabetes mellitus in the New Zealand white rabbit: preliminary morphologic characterization. Lab Invest. 1980; 42(5):571-9.

 

 

 

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