Attention,
est
transmissible à l'homme
Michel Gruaz
(Article publié dans le journal Tierwelt et gracieusement mis à disposition
de MediRabbit.com par M. Gruaz)
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contient des images qui peuvent être pénibles pour certaines personnes.
Cette seule et
unique raison justifie que les propriétaires de lapins soient informés quant
à cette maladie, certes assez rare, mais qui se produit tout de même de temps
en temps. Il est important de la reconnaître car assez atypique.
Pour avoir eu, il a y
quelques années, trois cas à quelques mois d'intervalle, le rédacteur est en
mesure de faire part des symptômes de la maladie. Celle-ci concerne plutôt
des bêtes adultes, voire des sujets de plusieurs années. Le lapin consomme de
moins en moins et, après quelques jours, il ne mange plus que des petits
desserts de verdure, puis ne mange plus du tout. Ses crottes deviennent de
plus en plus petites et de plus en plus dures et collantes. Le ventre de
l'animal est souple et, à la palpation, on sent aisément que le contenu
de la cavité abdominale
est de moins en moins conséquent. Le poids du sujet diminue rapidement. La
mort survient après quelques jours, à moins que l'on ait pris la décision de
l'abattre avant que l'inéluctable se produise. C'est suite à la présentation
des photos à une vétérinaire, puis au Dr. med. vet. Richard K. Hoop de
l'Institut de bactériologie vétérinaire de l'Université de Zurich (Suisse),
que le diagnostic tomba. Pseudotuberculose. Ces personnes mirent en garde
votre serviteur quant aux risques de transmission à l'homme et le prièrent de
ne pas porter les mains à la bouche après avoir touché les intestins d'un
lapin malade. A noter que lors de ces dernières années le cas ne s'est plus
reproduit dans les clapiers du rédacteur.
Selon Boucher et Nouaille la maladie est rare chez le lapinLa yersiniose ou pseudotuberculose est rare chez le lapin d'élevage.
Elle affecte par contre souvent les oiseaux comme le pigeon ramier et les
rongeurs dont le cochon d'Inde. S'il peut y avoir contact entre ces deux
dernières catégories et le lapin, celui-ci peut être alors affecté. On
constate cette maladie chez les lapins fermiers élevés en clapiers et parfois
sur un lapin de compagnie vivant au contact d'oiseaux atteints par la
maladie. Les lapins sauvages et les lièvres peuvent aussi être des foyers
d’infection. Le lièvre est très sensible à la yersiniose. Chez cette espèce
cette maladie est très fréquente. Elle est la cause principale de mortalité
dans certaines régions de France et d’Allemagne. C'est ce que l'on appelle
une zoonose, c'est-à-dire une maladie qui se transmet à l'homme. Elle affecte
principalement les jeunes garçons entre sept et treize ans. Cela ressemble à
une crise d'appendicite. Ces symptômes sont parfois suivis d'une congestion
de la peau qui provoque une rougeur. Toutefois, chez l'homme comme chez les
animaux on peut être en présence de formes généralisées septicémiques graves
ou de formes localisées aux poumons ou aux yeux. La forme septicémique
entraine la mort en 24 à 48 heures, la forme chronique peut entrainer la mort
après 2 ou 3 mois, mais beaucoup survivent.
Une
bactérie nommée Yersinia est à l'origine de la maladie
Cette affectation est due à Yersinia pseudotuberculosis,
bactérie qui a été découverte en 1883 sur un cobaye inoculé à partir d'un
nodule cutané d'un enfant mort d'une méningite tuberculeuse. En fait c'est un
petit bacille (bactérie en forme de bâtonnet) Gram négatif, cosmopolite. Ce
bacille ou bactérie est présent chez l'homme ou l'animal infectés ou porteurs
sains. Les oiseaux et les rongeurs représentent le réservoir principal.
Ladite bactérie peut cependant se retrouver dans le sol, l'eau ou tout
produit alimentaire souillés par des déjections d'animaux contaminés. Chez
les lapins la bactérie peut se trouver aussi bien dans les crottes dures que
molles (caecotrophes). Elle peut survivre dans un sol infecté pendant plus
d'une année. Entre 4 et 10 degrés elle peut même se multiplier. Il est possible
que cette faculté soit liée à la recrudescence de l’infection chez les lapins
durant la saison froide. Le sol est apparemment une source majeure de
contamination. On fera donc tout particulièrement attention à l'enfouissement
des fumiers dans les jardins. La décomposition des cadavres sur ou dans les
tas de fumier est dans ce cas à bannir. La bactérie regagne en effet le sol
de cette manière. Après ingestion par le lapin, elle gagne l’intestin, où
elle se multiplie. Par une température de 37° sa population croît rapidement
soit en 24 à 48 heures, puis elle envahit le système lymphoïde associé à
l'intestin. Dans les formes septicémiques le lapin meurt rapidement sans
exprimer réellement de symptôme caractéristique. Dans les formes non
septicémiques, le lapin infecté paraît fatigué, amaigri, épuisé. Il ne mange
plus, parfois, il y a diarrhée. A la palpation les nodules lymphatiques sont
hypertrophiés. Le foie présente des nodules assez durs. L’intestin peut
présenter des nécroses. Les reins et les poumons sont parfois aussi affectés.
La mortalité ne touche pas tous les animaux.
Suspicion,
déclenchement et transmission de la maladie
L'autopsie est assez révélatrice. On note une hypertrophie des nœuds
lymphatiques et de la rate qui a un volume deux à trois fois plus conséquent
que la normale. Les reins, la rate, le foie et l'intestin sont le siège de
petites formations noduleuses blanc jaunâtre. Ces nodules peuvent faire
penser à ceux que l'on rencontre lors de tuberculose d'où le nom de
pseudotuberculose. Seul un examen bactériologique des organes atteints (rein,
rate, foie, intestin et moelle osseuse) permet d'émettre un diagnostic avec
certitude. Il est nécessaire d'inculquer quelques notions d'hygiène de base
aux propriétaires de lapins ayant souvent des oiseaux, hamsters, cobayes,
rats, voire des poules dans les locaux communs avec ceux des lapins. Une
cause classique de transmission des bactéries yersinia dans la basse-cour est
la distribution aux poules de graines non consommées par les oiseaux en cage.
On veillera aussi aux sols et végétaux infectés. La contamination est
fréquemment orale et digestive. L'incubation est assez longue puisqu'elle
dure en moyenne une quinzaine de jours. La bactérie gagne alors le système
lymphatique et des nodules se créent sur différents organes. Lorsque le stade
ganglions est dépassé, le foie est envahi et devient le point de départ d'une
septicémie.
La
prévention est toujours préférable au traitement
Avant tout traitement il est conseillé à l'éleveur d'éliminer les animaux
malades qui ne peuvent plus s'abreuver correctement. Il est indiqué de
désinfecter les clapiers et le sol à la chaux vive. Les murs seront
désinfectés après un premier lavage. L'eau de lavage doit être si possible
traitée avant son élimination. Tous les accessoires en bois ou paille sont à
brûler. Ceux qui le supportent sont trempés durant une heure dans une
solution aqueuse de désinfectant bactéricide du commerce. Un désinfectant de
l'eau de boisson à base de chlore est ajouté à l'eau d'abreuvement.
Simultanément un programme de dératisation est vivement conseillé. Les
éventuels autres élevages sont inspectés minutieusement. Des mesures
prophylactiques sont prises. Le traitement en lui-même consiste en
l'administration d'enroflaxine (Baytril)
distribué à la dose de 15 mg par kilo de poids vif et par jour durant 8
jours. Après un arrêt du traitement durant dix jours on le renouvellera
durant huit jours supplémentaires. Un examen bactériologique permettant
d'apprécier la sensibilité de la bactérie par rapport aux antibiotiques
utilisés peut révéler l'efficacité d'une autre molécule.
Information supplémentaire
Maladies des lapins de Boucher et Nouaille
Textbook of Rabbit
Medicine, Frances Harcourt-Brown, Oxford,
The Biology of the Laboratory
Rabbit, Patrick J. Manning, Daniel H. Ringler and
Christian E. Newcomer,
Vetstream,
http://www.vetstream.com/lapis/Content/Freeform/fre00324.asp
Zoonoses and
Communicable Diseases Common to Man and Animals: Bacterioses
and Mycoses v. 1 - PAHO Scientific Publications S. No. 580, Pedro N. Acha, Boris Szyfres.
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